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Votez avec la raison et non le coeur

Cette année 2018 verra le parlement djiboutien renouvelé. Nous sommes donc à une autre échéance électorale. Et qu’on le veuille ou non, encore une fois, il faut se poser les mêmes sempiternelles questions: qui sont les joueurs en lice et… parmi ces joueurs, qui mérite notre confiance? Bien évidemment, encore une fois, il faut choisir avec sa raison ou, son cœur. La raison ou le coeur ?.. L'éternel dilemne, ou quoi... Personnellement, même si la chose politique n’est plus que d’un intérêt lointain pour moi, une fois n’est pas coutume, je me prêterai à cet exercice citoyen. Cela dit, je ne suis pas ici pour prêcher mais pour donner seulement mon opinion personnelle sur la question. C’est un devoir!

Selon les informations très partielles que j’ai de notre coin de pays ancestral, mes seules sources étant le net, là-bas, ça bouge. Là-bas, c’est loin pour nous autres de la diaspora (je n’aime pas ce terme mais...). Ça bouge à Djibouti mais nous sommes bien loin.

Cependant, je dois admettre que malgré la distance (je suis au Canada (et en hiver!)) et le décalage horaire, je suis fasciné par l’effervescence engendrée par ces dernières élections 2018. On voit des individus habituellement non politiques (jeunes, femmes, activistes, etc.) se lancer dans la mêlée, de toute apparence, sans trop se poser de questions sur l’issue ou les chances de gagner ni même les enjeux ou les acteurs ‘majeurs’ contre qui ils jouent. On voit des gens ayant des CV très variés, et surtout sans grand passé politique, qui veulent se faire entendre, se faire voir. Je trouve ça fascinant. Pour moi, c’est nouveau. C’est une nouvelle forme d’implication un peu à l’image de celle générée par la mise en place du multipartisme à Djibouti dans les années 90. On dirait que la relève commence à essayer de prendre sa place! Mais, peut-être que je vieillis et que je me trompe sur toute la ligne…

Une autre chose me surprend également: c’est le quasi-silence des partis-personnes et autre USN de circonstance. Comme à l’accoutumée, ces organisations ont le ou la ‘chef’ et/ou des proches comme tête de liste de leur liste (sic).  Mais, cette fois, les chefs de l’opposition sont quasiment silencieux. Silencieux surtout ici, à Ottawa et ailleurs dans le monde, où ils pensaient avoir acquis un monopole. Ça aussi, c’est nouveau. C’est un signe indiscutable que quelque chose est en train de changer.

Dans ces circonstances, qui va gagner?
Mais surtout, à qui faut-il donner notre voix?

La question se pose en premier lieu à ceux et celles qui sont au pays et dont la vie, au jour le jour, sera affectée par les choix qu’ils vont faire aux élections de ce février 2018. Celles et ceux qui comme moi ont un autre ‘chez nous’(1) ne pouvons  (et devons) que conseiller, le plus sagement possible, leurs sœurs et frères qui vont aller voter dans quelques jours. Selon moi,celles et ceux dont le quotidien sera directement affecté par l’issue de ce scrutin  ne doivent pas choisir avec le coeur mais, la raison.

La volonté de changement est quelque chose de légitime, noble et surtout, nécessaire.  Changer un régime dont on est fatigué est légitime mais par quoi faut-il le changer, en ce février 2018? À cette énième échéance électorale, personnellement, je ne vois personne dans l’opposition ayant un parti solide, uni, inclusif, discipliné et mû par une énergie et une ambition toutes nationales. Point final. Bien sûr, il existe de rares personnalités ayant cette ambition. Hélas leurs organisations sont minées par un clanisme sans équivoque et un désordre sans nom. Ces personnes sont très mal entourée. Il n’est donc pas garanti qu’elles seront capables d’assurer minimalement la sécurité et l’ordre. On ne peut donc pas leur confier un destin national.Hélas.

Un rappel de l’histoire récente mérite notre attention.

‘Le printemps arabe’, qui s’en souvient? Et les révolutions et autres indépendances africaines? Qui s’en souvient? Que sont devenus la Somalie, la Libye, l’Égypte, le Sud-Soudan, le Zaïre, la Tunisie, et les autres peuples à qui on a fait miroiter des chimères? Leurs rêves ont été suivis par un réveil déchanteur. Dans la plupart de ces pays, on a presque tout perdu et on nage dans un KO sans fin même si certains relativement plus chanceux, comme les tunisiens, regrettent les résultats par rapport aux pertes insurmontables dont des vies humaines.

Un autre petit rappel. Qu’est-ce qui s’est passé à Ixelles, en Belgique, le 6 novembre 2016 ? Un jeune djiboutien (Liban Moustapha Hassan (2)) dans la fleur de l’âge et fervent opposant s’est fait arracher les deux yeux à coup de tourne-vis, de façon cruelle et barbare. Ce n'est un secret pour personne et tout le monde le sait dans les milieux djiboutiens. Ceux qui ont commis ce genre de geste d'un autre âge sont affiliés (et/ou proches de certains milieux dits opposants (et non des moindres). Cette révoltante histoire s’est passé en plein Royaume belge. 

On est alors en droit de se poser cette Question, Que se passera-t-il dans nos quartiers populaires si des ‘chefs’ qui ne sont pas capables de contrôler leurs proches prennent le pouvoir directement ou indirectement? Ça sera Bérzina (3)!

La volonté de changement est quelque chose de légitime, noble et surtout, nécessaire. C’est vrai. Mais, le vrai changement ne doit venir que de l’intérieur et s’opérer en douceur. Gare à celles et ceux qui nous font miroiter des chimères. Les somalis disent à raison : ‘ninkaan kuu furayni, yaanu kuu rarin’(4)

Chers frères et sœurs faites un choix non pas avec le coeur mais la raison. Votre survie et celles de vos proches (parents et/ou progéniture) en dépend. Mes pensées et mes prières sont avec vous.

Jabuutaay, Ilaahay ha kula jiro.

Hassan A. Aden
Hassan.aden@ncf.ca


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Notes:
  • (1) Un 'chez nous'
    Expression québécoise qui signifie un autre chez soi (maison, communauté, pays, etc.)
  • (2) Liens sur Liban Moustrapha Hassan.
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_liban-moustapha-hassan-enuclee-a-ixelles-denonce-un-crime-politique?id=9591706
    http://www.dailymotion.com/video/x51u9ts
  • Au sujet de Bérézina : https://fr.wiktionary.org/wiki/B%C3%A9r%C3%A9zina
  • (4) Proverbe somali que l’on peut traduire comme ceci : Ne laisse pas emballer tes affaires par quelqu’un qui ne sera pas à tes côtés pour les déballer avec toi.

Commentaires

  1. Voter avec la raison et non avec le coeur est une bonne conclusion pleine de sagesse. Le peuple est fatigue' et le pays en desarroi morale.

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